Lire : le Goncourt qui en cache un autre !

 

Djaïli Amadou Amal (au milieu, en blanc) lors de l'hommage national qui lui est rendu à l'ambassade du Cameroun à Paris

(par Olivier THIBAUD et Ambre DELCROIX)

Certes le prix Goncourt (décerné pour la première fois en 1903) est le plus prestigieux des prix littéraires français !

Cependant nous aurions tendance à lui préférer le plus jeune prix Goncourt des lycéens.

Pourquoi ?

Pour la jeunesse, l’indépendance et le nombre des membres de son jury...


Djaïli Amadou Amal présente "Munyal" Prix de la Presse Panafricaine (PPP MOKANDA)

Le prix Goncourt des lycéens a été créé en 1988 par l'enseigne commerciale culturelle FNAC et le ministère de l'Éducation nationale avec pour objectif d’inciter les jeunes à lire .

Son le jury est constitué d'environ 2 000 élèves (contre 10 membres pour le Goncourt).

La FNAC contribue à ce prix littéraire en fournissant aux lycéens les ouvrages de la sélection dès la rentrée de septembre.

Depuis sa création, pas moins de 216 romans ont été proposés et 37 604 exemplaires de ces livres ont été lus par environ 17 150 élèves.

Le prix est décerné à Rennes en novembre, quelques jours après son aîné, le prix Goncourt.

Depuis sa création le prix a distingué cinq auteurs africains, leurs ouvrages sont disponibles en édition « poche » : une occasion de vous faire plaisir ou de faire plaisir à petit prix !


2020 Les Impatientes

par Djaïli Amadou Amal

(Editions Emmanuelle Colas)

publié en 2017 par les éditions Proximité (Yaoundé – Cameroun) sous le titre « Munyal, les larmes de la patience » (1)

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.

Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l'époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d'épouser son cousin.

Patience ! C'est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu'il est impensable d'aller contre la volonté d'Allah. Comme le dit le proverbe peul :

« Au bout de la patience, il y a le ciel. »

Mais le ciel peut devenir un enfer.

Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?

Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie :

ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.

(1)

sous le titre « Munyal, les larmes de la patience », l’ouvrage a reçu précédemment le Prix de la Presse Panafricaine (PPP MOKANDA) :

PRIX PRESSE PANAFRICAINE 2019 : Djaïli Amadou Amal honorée par les autorités du Cameroun

https://www.xn--francophonieactualits-u5b.com/2019/03/prix-presse-panafricaine-2019-djaili_19.html


2018 Frère d'âme

par David Diop

A également reçu le prestigieux - International Booker Prize 2021

Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l'attaque contre l'ennemi allemand.

Les soldats s'élancent.

Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français.

Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d'Alfa, son ami d'enfance, son plus que frère.

Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s'enfuit.

Lui, le paysan d'Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom.

Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l'effroi.

Au point d'effrayer ses camarades.

Son évacuation à l'Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d'ultime et splendide résistance à la première boucherie de l'ère moderne.

2016 Petit pays

par Gaël Faye

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés.

Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups.

Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire.

Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais.

Le quartier est bouleversé.

Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule.

Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages...

J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »

Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu.

Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.

2006 Contours du jour qui vient

par Léonora Miano

Après la guerre qui a ravagé le Mboasu, cet état imaginaire et ô combien réel d'Afrique, le pays est exsangue.

Les parents, incapables de prendre soin de leurs enfants, les chassent loin de chez eux, les accusant d'être la cause de leurs malheurs.

Décidée à retrouver sa mère, la jeune Musango traverse un pays frappé de folie.

Des rivages du fleuve Tubé aux bas-fonds de Sombé, métropole d'Afrique en proie à l'anarchie, Musango retrouvera-t-elle cette mère, symbole d'une Afrique à la dérive ?

Sa rencontre avec le petit Mbalè, marquera-t-elle les prémices d'un jour nouveau pour tout un continent ?

2000 Allah n'est pas obligé

par Ahmadou Kourouma

Egalement Prix Renaudot 2000

Il s'appelle Birahima, il a dix ou douze ans et, comme beaucoup d'enfants, il joue au petit soldat avec une mitraillette.

« C'est facile. On appuie et ça fait tralala. »

Sauf qu'ici l'arme est bien réelle et les morts ne se comptent plus. Birahima fait partie de ces orphelins qui ont tout perdu et n'ont d'autre recours, malgré leur jeune âge, que de devenir des sortes de mercenaires dans les guerres tribales qui déchirent des pays comme le Liberia ou la Sierra Leone, les fameux enfants-soldats.

Le tableau est atroce :

c'est le règne du grand banditisme sous couvert d'activités soi-disant révolutionnaires, des massacres de populations civiles, les pires horreurs.

« De camp retranché en ville investie, /.../ j'ai tué pas mal de gens. /.../ beaucoup de mes copains enfants-soldats sont morts. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas. »

Tout est vrai, hélas, dans le livre d'Ahmadou Kourouma qui n'est cependant pas un document mais bien un roman.

Ce qui rend encore plus percutante l'horreur racontée par un enfant avec un humour terrible qui renvoie chacun à ses responsabilités et à sa mauvaise conscience.

Après « En attendant le vote des bêtes sauvages » (Prix du Livre Inter 1999), Ahmadou Kourouma nous livre un récit picaresque et terrifiant sur une époque de massacres dont les enfants sont les tristes héros.

Mais n’oublions pas le prestigieux Prix Goncourt qui a récompensé en 2021 Mohamed Mbougar Sarr pour "La plus secrète mémoire des hommes"

En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 :

« Le labyrinthe de l’inhumain »

On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah.

Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?

Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains :

tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil.

Il va surtout s’attacher à deux femmes :

la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…

D’une perpétuelle inventivité, « La plus secrète mémoire des hommes » est un roman étourdissant, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident.

Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.

« Le temps est assassin ? Oui. Il crève en nous l'illusion que nos blessures sont uniques. Elles ne le sont pas. Aucune blessure est unique. Tout devient affreusement commun dans le temps. Voilà l'impasse ; mais c'est dans cette impasse que la littérature a une chance de naître. »


Ambre Delcroix en compagnie de Mohamed Mbougar Sarr au Salon du Livre Africain de Paris





Plus près de nous, puisque figurant dans la rentrée littéraire 2023, nous avons lu pour vous le magnifique roman La Reine aux yeux de lune de Wilfried N'Sondé publié par les éditions Robert Laffont.


Kongo, 1685. Le royaume, sous occupation portugaise, n’est plus qu’une terre de désolation.

Une fillette aux yeux de lune voit le jour dans les eaux de la rivière Mpozo. Sa soeur jumelle ne survit pas. L'enfant miraculé est nommée Kimpa Vita, qui signifie « la jumelle née de la guerre . »

En grandissant, Kimpa traverse des épreuves, et bientôt ses discours de résistance magnétisent.

Pour ses fidèles, elle incarne l’espoir d’un avenir meilleur, telle une sainte africaine liée aux esprits.

Ses détracteurs, eux, la réduisent au rang de sorcière. Kimpa Vita, aussi adulée que haïe, parviendra-t-elle à ranimer un peuple déchiré par les conflits ?

Inspiré d’un personnage réel, La Reine aux yeux de lune conte avec émotion le destin d'une femme sacrifiée…


Wilfried N'Sondé présente son roman

Wilfried N'Sondé et Erick Monjour, fondateur du Salon du Livre Africain de Paris (prochaine édition du 15 au 17 mars 2024)

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