Le Professeur Jacques Nguyễn Thái Sơn intervenant pour le Vietnam
(par Olivier THIBAUD)
Paris « Du verbe à l'algorithme » : le thème de la XXXème Biennale de la langue française, qui s’est tenue les 2 et 3 octobre 2025 à Paris, n'a jamais semblé aussi actuel.
Alors que l'intelligence artificielle bouscule les certitudes de la Francophonie, c’est au cœur du boulevard Saint-Germain, à la Délégation Wallonie-Bruxelles, que s’est cristallisée une réflexion internationale d’une rare richesse.
Le Docteur Cheryl Toman
Autour de la présidente, le Docteur Cheryl Toman, Professeur de français à l’Université de l’Alabama et fine connaisseuse des lettres africaines, quinze nations – de la France au Canada (Québec), du Mali au Vietnam – ont confronté leurs visions.
Les intervenants
Au milieu de cet aréopage, l’intervention du Professeur Jacques Nguyễn Thái Sơn a marqué les esprits par sa franchise et son optimisme résolu.
Originaire de Hué, ancienne capitale historique du Vietnam, le Pr Thái Sơn a délivré un plaidoyer qui prend le contre-pied de l’obsession financière souvent associée à l’IA, rappelant que l'avenir numérique de son pays repose avant tout sur son capital humain.
L'IA, affaire de jeunesse et de savoir
« La force du Vietnam en matière d’IA ne réside pas dans une compétition financière, mais bien dans son capital humain ,» a martelé le Pr Thái Sơn.
Son discours, empreint d’une reconnaissance pour les liens historiques et diplomatiques avec la France, a immédiatement replacé l’humain au centre de l'innovation.
Le Vietnam, fort d’une jeunesse « animée par de grandes aspirations, dotée d’une solide formation en mathématiques et en sciences », voit l'IA comme un outil essentiel pour son développement national, et non comme une fin en soi.
Plutôt que de se lancer dans une course technologique effrénée, Hanoï mise sur la formation et le développement des ressources humaines de haute qualité.
Une stratégie qui sonne comme un appel à la coopération plutôt qu'à la confrontation.
Hué, Vietnam : le Pr Jacques Nguyễn Thái Sơn (à g.) et Ngueyen Bao Quoc, directeur de l’Institut Français (à d.)
Le partenariat franco-vietnamien, une « porte ouverte » sur l’avenir
L’orateur n’a pas manqué de souligner l’importance du partenariat stratégique global récemment établi par le Secrétaire général Tô Lâm et le Président Emmanuel Macron.
Pour lui, cet accord dépasse le simple jalon diplomatique pour devenir une « porte ouverte » sur une nouvelle ère de coopération scientifique et technologique.
Le Vietnam espère ainsi s’appuyer sur l’expérience précieuse d’une grande nation scientifique telle que la France pour concrétiser ses ambitions.
L’annonce de la création prochaine de l’Institut national de recherche et de développement en intelligence artificielle témoigne de cette volonté de rassembler des experts et de mettre l'IA « au service de la vie quotidienne ».
Replacer l’humain au centre de l’’intelligence artificielle
Le Pr Thái Sơn a conclu sur une note d’espoir :
« Je suis convaincu que l’amitié solide, patiemment nourrie au fil des générations, constituera le grand pont qui nous permettra d’écrire ensemble de nouvelles pages d’histoire, où la technologie deviendra un lien au service de notre prospérité commune ! »
En misant sur l’échange d'experts, les programmes conjoints et la formation, le Vietnam entend prouver que même sur un terrain aussi aride que l’algorithme, l’esprit d’apprentissage et de partage peut transformer les défis en opportunités.
Un message salutaire et pondéré, à l'heure où le monde francophone cherche ses marques face à la puissance de l'intelligence artificielle !
Commentaires
Enregistrer un commentaire