La Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts : le français hier et aujourd’hui
(par Olivier THIBAUD & Ambre DELCROIX)
En octobre 2024, la France aura l'honneur d'accueillir le 19ème Sommet de la Francophonie, trente ans après une première fois en 1991.
Le Sommet se tiendra le 4 octobre au château de Villers-Cotterêts, dans l'Aisne, un lieu chargé d'histoire et de symboles pour la langue française, avant de se poursuivre le 5 à Paris !
Le château historique de Villers-Cotterêts est – par le volonté du Président Emmanuel Macron - depuis le 30 octobre 2023 la Cité internationale de la langue française.
C’est dans ces murs que le roi François Ier signa l’ordonnance qui fit du français la langue du droit et de l’administration du royaume.
En ce lieu prestigieux sont appelés à se croiser visiteurs curieux, chercheurs, artistes de tous bords et entrepreneurs passionnés.
Le parcours de visite et une programmation culturelle pluridisciplinaire favorisent la création, la recherche et le débat d’idée autour de la langue française.
La Cité est appelée à devenir un laboratoire et un passeur de cette langue vivante et riche, sans cesse réinventée par ceux qui la parlent à travers le monde.
Cinq siècles après cette ordonnance, ils sont près de trois cents millions de francophones.
Mais qui sont-ils, ceux qui parlent la langue française, et comment contribuent-ils à la faire vivre et évoluer ?
À l’occasion de l’ouverture prochaine de la Cité, Leïla Slimani, représentante personnelle du président de la République pour la langue française, a proposé à diverses personnalités d’explorer et de raconter ce que représente cette langue pour elles.
Leïla Slimani est une journaliste et écrivaine franco-marocaine.
Née d'une mère franco-algérienne et d'un père marocain, élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d'expression française.
Son père, Othman Slimani, est banquier, sa mère est médecin ORL.
En 1999, elle vient à Paris. diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po), elle s'essaie au métier de comédienne (Cours Florent), puis se forme aux médias à l'École supérieure de commerce de Paris (ESCP Europe).
En 2014, elle publie son premier roman chez Gallimard, « Dans le jardin de l'ogre ».
Son deuxième roman, « Chanson douce », obtient le prix Goncourt 2016.
« Ma grand-mère détestait la langue française.
Mon père racontait qu’elle se mettait en colère quand elle entendait ses enfants s’exprimer dans cette langue.
La langue de l’école coloniale où était inscrit mon père.
La langue des riches, des colons, la langue des gens éduqués qui la regardaient de haut.
Ma grand-mère ne savait ni lire ni écrire et je peux comprendre sa rage quand elle voyait ses enfants, hauts comme trois pommes, déclamer en riant un poème de Ronsard.
Moi-même, je n’ai pas toujours eu avec la langue française un rapport apaisé.
Enfant, je voulais comprendre pourquoi c’était cette langue que nous parlions.
Pourquoi, alors que nous étions marocains, que nous vivions à Rabat, nous exprimions-nous dans cette langue-là ?
Je percevais, même enfant, que cela avait à voir avec notre classe sociale, avec notre degré d’éducation.
Et cette langue, d’une manière ou d’une autre, finissait par rimer avec domination.
Et puis elle est devenue mienne. »
… En 2021, Time Magazine l’inscrit sur sa liste des cent personnalités de l’année les plus influentes au monde.
« J’ai grandi entourée de plusieurs langues :
celle de ma mère, le yoruba, celle de mon père, le fon, et bien sûr celle de l’ancien colonisateur, le français. »
Née au Rwanda en 1979, Beata Umubyeyi Mairesse est écrivaine.
À quinze ans, elle survit au génocide des Tutsi et part pour la France où elle fait des études de sciences politiques.
Elle travaille ensuite au sein d’ONG sur différents continents.
Elle est l’autrice de nouvelles (Ejo, suivi de Lézardes et autres nouvelles, Autrement, 2019), de poésie (Après le progrès, La Cheminante, 2019), ainsi que d’un premier roman, Tous tes enfants dispersés (Autrement, 2019), récompensé en 2020 par le Prix des cinq continents de l’Organisation internationale de la francophonie OIF.
« La littérature devient mon pays, ma langue, le seul endroit où je peux être qui je veux, loin des représentations racistes et des déterminismes sociaux. »
Lilian Thuram est né en Guadeloupe en 1972.
Après une prestigieuse carrière de footballeur international (avec l’équipe de France, il a été champion du monde en 1998 et champion d’Europe en 2000), il a créé en 2008 la fondation Éducation contre le racisme, pour l’égalité.
Il a publié plusieurs ouvrages dont Mes étoiles noires (Philippe Rey, 2010).
Il a été commissaire général de l’exposition « Exhibitions. L’invention du sauvage », au musée du quai Branly – Jacques Chirac en 2011-2012.
« Plus que des langues, la Francophonie ne serait-elle pas des langages, des paroles individuelles qui permettent de créer des liens, d’affirmer, de convaincre, de dénoncer les injustices, de défendre ce qui est juste, de promouvoir la paix ? »
Aujourd’hui plus de 321 millions de personnes parlent français à travers la planète, sur cinq continents.
A ce sujet, le dernier classement révèle quelle est la ville la plus francophone à travers le monde et - aussi surprenant que cela puisse paraître - elle ne se trouve pas en France.
Sur les 15 villes du classement, 11 se trouvent sur le continent africain !
Une tendance qui corrobore les estimations de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui prévoit que 80 % des francophones à travers le monde seront Africains d’ici 2050.
Le français pourrait alors devenir la troisième langue la plus parlée au monde, au lieu de la cinquième actuellement.
Le classement des villes les plus « francophones » à travers le monde est le suivant :
Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC) : 14 millions d’habitants
Paris, en France : 11 millions d’habitants
Abidjan, en Côte d’Ivoire : 5,4 millions d’habitants
Yaoundé, au Cameroun : 4,6 millions d’habitants
Casablanca, au Maroc : 4,3 millions d’habitants
Bamako, au Mali : 4 millions d’habitants
Ouagadougou, au Burkina Faso : 3,8 millions d’habitants
Alger, en Algérie : 3,7 millions d’habitants
Dakar, au Sénégal : 3,7 millions d’habitants
Montréal, au Québec, au Canada : 3,7 millions d’habitants
Mbujimayi (ex- Bakwanga), en République démocratique du Congo : 3,6 millions d’habitants
Douala, au Cameroun : 3,6 millions d’habitants
Port-au-Prince, à Haïti : 3,1 millions d’habitants
Conakry, en Guinée : 2,9 millions d’habitants
Beyrouth, au Liban : 2,8 millions d’habitants
La République démocratique du Congo (RDC) : le géant francophone aux dimensions comparables à celles de l'Europe !
Les tours de Babel par Chéri Samba
A savoir
Modalités de visite
Les visiteurs sont invités à consulter en amont de leur visite le site www.cite-langue-francaise.fr où les modalités de visite sont mises à jour.
Horaires :
ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h30
Tarif individuel : 9 €
Gratuité :
→ Moins de 18 ans (en famille et hors groupes scolaires)
→ 18-25 ans (ressortissants de l’Union Européenne et résidents réguliers non-européens sur le territoire de l’Union Européenne)
→ 1er dimanche du mois de janvier à mars et de novembre à décembre
→ Personnes handicapées et leur accompagnateur (un accompagnateur par personne)
→ Demandeurs d’emploi, sur présentation d’une attestation de moins de 6 mois, bénéficiaires RMI,RSA, aide sociale
→ Journalistes
Billet jumelé Cité et château de Pierrefonds 15 €
Billet triplé Cité et châteaux de Pierrefonds et de Coucy 20 €
Bon plan :
Pack TER/SNCF (entrée + titre de transport aller-retour) 18 €
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