BISO : la sculpture contemporaine s’affiche à Ouagadougou du 4 au 8 octobre prochains

La Galerie Christophe Person


(par Olivier THIBAUD, texte et photos)

Le 12 juillet dernier, la galerie CHRISTOPHE PERSON organisait, en présence des organisateurs et des artistes sélectionnés, le lancement de la troisième édition de BISO, Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou qui se tiendra du 4 au 8 octobre sur le site du FESPACO.

On connaissait la capitale du Burkina Faso – Ouagadougou – pour son FESPACO (Festival panafricain du cinéma), il faut désormais compter avec la Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou (BISO) .

En effet, il s’agit de la première biennale consacrée à la sculpture contemporaine sur le continent africain : l’événement artistique phare de l’Afrique et de sa diaspora, dédié à la sculpture sous toutes ses formes.


Le pêcheur, par Nyaba Léon Ouédraogo (2)

Après le succès des deux premières éditions, en 2019 sous le thème Oser inventer l’avenir et en 2021 avec L’Aventure ambiguë, la Biennale BISO revient en 2023 avec Le Feu des origines, renforçant sa position de plate-forme de promotion des artistes et de la sculpture contemporaine à travers des expositions et des résidences.


Daouda et le mythe du sauveur

Comme tient à le rappeler Christophe Person (1) , le créateur de la Biennale BISO : 

« Véritable saga au cœur de la colonisation, Le Feu des origines se propage de la brousse à la ville, sur les traces d'un héros en révolte, Mandala Mankunku.

De sa naissance merveilleuse à ses dernières années, la vie de Mandala raconte l'histoire de son pays, le Congo, et de son continent, l'Afrique.

La sanglante construction du chemin de fer congolais, la mise en coupe du pays, et jusqu'à l'utilisation massive des hommes lors de la guerre de 1940, où le Tchad, le Cameroun, la Centrafrique et le Congo constitueront les bases de “la France Libre”.

Alors, balayé par le pouvoir colonial, usé par les luttes politiques puis la guerre, vieilli aux yeux même de ces enfants partis chercher la modernité en Occident, il restera à Mandala Mankunku à retrouver le feu des origines. »


Offrande

Épopée classique relatant la transmutation d'un territoire et d’un peuple africain par la colonisation européenne, Le Feu des origines est le second roman de l’auteur congolais Emmanuel Dongala.

Il a reçu à sa sortie en 1987 le Grand Prix littéraire d'Afrique Noire.

Au centre de cette saga, le personnage principal, Mandala Mankunku, “forgeron, fils de forgeron” et “maître sculpteur : en bois, en bronze, en pierre”.

Il a étonnamment les yeux verts - des “yeux glauques, vert de-palme, phosphorescents”, “des yeux verts de fauve nyctalope”, couleur mamba, malachite.

Génie créateur, avide de connaissance et d’émancipation, Mandala Mankuku s’adapte et résiste ardemment par son art au pouvoir colonial.


Le pagne du pêcheur

Avec Le Feu des origines, l’auteur se fait le chimiste et l’observateur d’un nouveau paradigme intellectuel et spirituel africain, synthèse d’une sapience holistique propre à l’Afrique, augmentée de la somme des connaissances globalisées.

On retrouve cet alliage dans les arts, où les techniques artisanales ancestrales - la sculpture, le perlage, la ferronnerie, le textile, la céramique, la peinture - se trouvent perpétuées avec leurs évolutions techniques par des artistes du Continent, de ses diasporas et d’Ailleurs.


Illa Donwahi, Présidente de la Galerie Donwahi (Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire)

Ce feu matriciel et animiste évoque la relation passionnelle que chacun peut entretenir avec ses géographies intimes - et fait écho au caractère éruptif et dévorant des origines en contexte afro- diasporique.

On le retrouve ainsi dans l’œuvre du poète et romancier guadeloupéen Daniel Maximin qui y développe un Volcanisme, une ode au magma en fusion des individualités créolisées dans Soufrières (1987), L’isolé soleil (1989), L’invention des désirades (2000) et chez l’Afro-américain James Baldwin, au creuset du brasier identitaire états-unien dans La prochaine fois, le feu (1963).


Christiane Falgayrettes-Leveau, Présidente de la Fondation Dapper

La sculpture est aussi un feu originel, unificateur et régénérateur de l’art en Afrique.

Le choix de ce thème pour cette édition 2023 de la Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou (BISO) est aussi un hommage à la tradition métallurgique burkinabé, au feu du four et de la forge.

Mame Coumba Bang


Et si c’était elle, Mame Coumba Bang

La présentation de la Biennale Biso était l’occasion d’admirer l’exposition photographique de Nyaba Léon Ouédraogo (2) consacrée à Mame Coumba Bang, la déesse du fleuve Sénégal et protectrice de la ville et des habitants de Saint-Louis.


La Galerie Christophe Person est au 39 rue des Blancs Manteaux 75004 Paris

1) Christophe Person est né en 1978 en France. Diplômé d’HEC Paris et de Christie’s Education à Londres, il rejoint en 2016 la maison de vente aux enchères PIASA, où il est en charge des ventes d’art contemporain africain, puis devient en 2020 directeur du département Art Contemporain Africain d’Artcurial. Il ouvre en décembre 2022 la galerie Christophe Person.


Nyaba Léon Ouédraogo, lauréat des Résidences Photoquai en 2013

2) Nyaba Léon Ouédraogo est un photographe né au Burkina Faso en 1978 vivant entre Paris et Ouagadougou.

Il reçoit le prix de L’Union Européenne aux 9ème Rencontres africaines de la photographie de Bamako (2011), est finaliste du prix Pictet 2010 et lauréat des Résidences Photoquai en 2013.




















Nyaba Léon Ouédraogo, lauréat des Résidences Photoquai en 2013


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