Au Musée Guimet : Médecines d’Asie ou l’art de l’équilibre


Musée Guimet, place d'Iéna à Paris

Jusqu’au 18 septembre 2023 le musée national des arts asiatiques – Guimet, place d’Iéna à Paris présente une exceptionnelle exposition consacrée aux médecines d’Asie.

Ces dernières peuvent être classées comme médecine traditionnelle qui est la somme totale des connaissances, savoir-faire et pratiques, basée sur les théories, croyances et expériences appartenant à différentes cultures, qu'elles soient explicables ou pas, utilisées aussi bien pour le maintien de la santé que pour la prévention, le diagnostic, l'amélioration ou le traitement des maladies physiques et mentales.


Angkor, fin XIIème, début XIIIème siècle

Une médecine traditionnelle pourrait être une médecine historique pratiquant son propre passé, alors que, de ce point de vue, la médecine scientifique ou biomédecine pratique son présent en se remettant en cause.




Champignons de longévité (linghzi)

Une médecine traditionnelle serait un «système culturel», liée à une communauté particulière, alors que la biomédecine est universelle et transculturelle.


L'une des galeries du Musée Guimet

Historiquement, il existe trois grandes traditions médicales savantes appartenant à l'Oikoumenê (ensemble du genre humain) des Grecs de l'Antiquité, et qui regroupe les civilisations de l'Afrique et de l'Eurasie :

autour de la Méditerranée (principalement représentée par le Galénisme), en Inde et en Asie du Sud (Ayurveda), et dans le monde chinois, Asie centrale et du sud-est (médecine traditionnelle chinoise).


Vishnu étendu sur Ananta

Ces trois grandes traditions sont relativement indépendantes, avec cependant quelques interconnexions.

La médecine arabe appartient au galénisme, mais du fait de l'extension de l'Islam, elle peut faire partie des systèmes médicaux asiatiques sous le terme de médecine Yunâni.

De même l'extension du bouddhisme de l'Inde à la Chine, a conduit à des échanges entre médecine ayurvédique et chinoise, caractéristiques de la médecine tibétaine.

C’est précisément à ces dernières catégories qu’est dédiée l’exposition du Musée Guimet .

Conçue comme une expérience originale, un voyage introspectif entre corps et surnaturel, Médecines d’Asie est la première exposition majeure consacrée en France aux trois grandes traditions médicales asiatiques :

indienne, chinoise et tibétaine. 

À travers un parcours scénographique par-delà les frontières et le temps, l’exposition transporte le visiteur dans un univers où se rencontrent pratiques médicales millénaires et œuvres




Méditation

d’art exceptionnelles, évoquant la méditation et le chamanisme, l’équilibre des énergies et la pharmacopée, le massage et l’acupuncture, l’astrologie et l’exorcisme. 

L’exposition propose une plongée à travers quatre grands thèmes, dans un saisissant face à face avec 300 œuvres pour la plupart montrées pour la première fois, émanant des collections nationales françaises et de grandes institutions patrimoniales européennes.


Le barattage de la mer de lait , Inde vers 1780

Du mythe à l’histoire

La première partie présente les aspects fondamentaux des trois grandes traditions de médecine, à travers des œuvres d’une grande force esthétique et spirituelle, et un dispositif vidéo évoquant la circulation des flux énergétiques et vitaux dans le corps humain, point commun de ces thérapies.



Postures de yoga (Inde vers 1820)

Le visiteur découvre progressivement la mythologie, l’histoire et le développement de traditions médicales fondées sur les équivalences entre infiniment grand et infiniment petit.

Le voyage se poursuit par la présentation du panthéon des divinités liées à la médecine, en lesquelles s’incarnent les concepts de maladie ou de guérison, rappelant les liens entre médecine et spiritualité.


Diagnostic et soin

La deuxième salle invite à poursuivre le parcours dans un espace plus intime et chaleureux.

Point central de l’exposition, un espace conçu comme une apothicairerie rêvée présente la pharmacopée, l’acupuncture et la moxibustion.

Entre officine de pharmacie et cabinet de curiosité, s’y côtoient mannequins d’acupuncture, plantes médicinales et précieuses boîtes à médicaments.


Table de massage et pot à huile, Inde début XXème siècle

Sont également abordées les techniques de traitement telles que le massage et les pratiques énergétiques (qi gong, tai chi, yoga).


Poire à huile, début XXème siècle

Dans l’ambiance enveloppante d’une salle dédiée au repos et à l’introspection spirituelle, le visiteur a la possibilité de se livrer à un exercice de méditation, tout en contemplant des œuvres empreintes d’une grande sérénité.

Médecine de l’âme

Au-delà du corps physiologique, c’est aussi de l’esprit et de la psyché des êtres que se préoccupent les médecines asiatiques. Astrologie, charmes et rituels, amulettes et vêtements talismaniques sont autant de moyens permettant de lutter contre les indicibles affections de l’âme.


Trompe tibétaine en os humain, XIXème siècle

Fil conducteur de cette troisième partie dédiée à la médecine de l’âme, aux esprits et aux forces démoniaques, neuf divinités astrales guident le visiteur dans les méandres de l’inconscient. Deux alcôves, consacrées respectivement au chamanisme et à l’exorcisme, invitent à un tête-à-tête avec les médecines du surnaturel.



Kimono de cérémonie pour jeune garçon, Inde (moitié XIXème siècle)

Une émouvante section est consacrée à la protection symbolique des enfants au travers d’objets empreints d’intimité et d’amour.



Chemise talismanique, Inde du nord (vers XIIIème siècle)

Orient et Occident : le dialogue des contraires

La popularité et l’efficacité des médecines asiatiques est aujourd’hui indéniable tant dans une approche de bien-être que dans les prises en charge hospitalières.

La fin du parcours évoque le dialogue médical entre l’Orient et l’Occident depuis le 16e  siècle.

De précieux ouvrages encyclopédiques sont présentés dans une scénographie rappelant l’ambiance des bibliothèques anciennes.


Un singulier mannequin d’acupuncture japonais ramené en Europe au 17e siècle révèle l’intérêt ancien porté par l’Occident aux techniques de soins asiatiques.


En écho, un exceptionnel et troublant rouleau peint japonais, déployé sur huit mètres de long, illustre la dissection scientifique d’un condamné à mort, dévoilant le désir d’analyse et de compréhension manifesté par l’Orient à l’égard de l’approche de la médecine occidentale.

https://www.guimet.fr

Musée national des arts asiatiques – Guimet 

6 place d’Iéna

75116 Paris


Vishnu étendu sur Ananta , Inde XIIIème siècle




Agonie d'Inayat Khan, trésorier-général  à la cour de l'empereur mogol Jahangir (vers 1618)








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