MARRONNAGE : L'ART DE BRISER SES CHAÎNES

C’est à la Maison de l’Amérique latine que se tient jusqu’au 24 septembre 2022 l’exposition « Marronnage : l’art de briser ses chaînes », réalisée à partir d’objets et photographies issus des collections du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac ; Art (tembe).

Au Suriname et en Guyane française, où la forêt les a protégées, ces sociétés (les Saamaka, Dyuka, Paamaka, Boni-Aluku, Matawai et Kwinti) ont d’abord dû défendre leur liberté, puis se construire, se développer et la paix revenue exprimer leur sens du beau, de la grâce : le moy.

L’ambition de cette exposition est de donner à voir et de contextualiser la continuité et la créativité artistique exprimées par ces peuples, en présentant des objets produits dans la première moitié du XXème siècle, devenus collections de musée, et un aperçu des créations actuelles.

Car contrairement à ce qu’ont pu penser certains ethnologues dans les années 1930, lorsqu’ils collectaient non pas des œuvres d’art mais des pièces à « conviction » – des pièces d’études de peuples en voie de disparition – les Marrons ont continué de vivre à leur façon et de créer.

Ainsi les artistes, les tembeman, sculptent et peignent toujours. Sous leurs doigts, les objets du quotidien se transforment en œuvres d’art (un peigne, un plat, une pagaie, etc.), ils sont fabriqués pour soi, offerts à l’autre, en particulier à la femme aimée, ou vendus à des clients.

Les femmes confectionnent des capes, calimbés, foulards, en renouvelant constamment techniques et formes, selon une esthétique cependant bien identifiable.

L’art dont il est question dans cette exposition est un art d’émancipation mais aussi un art social qui célèbre les rencontres et qui parle d’amour.

Pour comprendre ces peuples, issus du refus du sort qu’on leur avait réservé, la parole est donnée aux témoins, ceux du temps de l’esclavage et les témoins d’aujourd’hui.

De cette façon le visiteur découvre une culture originale, née de la guerre et qui réprouve toute forme d’oppression.

Cette exposition présente donc au public des œuvres très rarement exposées.

On peut citer par exemple la collection constituée par le poète Léon-Gontran Damas dans les années 1930 sur le fleuve Maroni.

Pour tous ceux qui se désignent eux-mêmes aujourd’hui comme Bushinenge ou encore Busi konde sama, il s’agit ici de (re) découvrir une page de leur histoire et de leur patrimoine vivant.

Cette exposition entend contribuer à faire connaître une population trop souvent ignorée, sans l’enfermer dans le passé, tout en sensibilisant le public à une esthétique qui se réinvente et se joue des catégories (patrimoine / création, art / artisanat, arts premiers / art contemporain, etc.).

Ce parcours constitue pour le visiteur une belle rencontre avec des hommes et des femmes attachés à leur identité et à leur liberté !

Où ?

Maison d’Amérique latine

217 Bd Saint-Germain, 75007 Paris

La galerie d’exposition est accessible :

LUNDI > VENDREDI 10H - 20H

SAMEDI 14H - 18H

A lire :

« MARRONNAGE : L'ART DE BRISER SES CHAÎNES »

Le livre/catalogue de l'exposition co-édité par les éditions Loco - Maison de l'Amérique latine.

Préfacé par Christiane Taubira.

192pages

27€







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