FETES : lu pour vous !

 (par Olivier THIBAUD)

Les fêtes de fin d’année sont le moment de faire ou de se faire – pourquoi pas ? – des cadeaux.

Et qui dit cadeaux, dit aussi livres !

Voilà pourquoi nous vous proposons notre sélection en commençant par de beaux livres.


Swinging Africa

Le premier d’entre eux fait partie de la sélection du jury de la Presse Panafricaine Prix MOKANDA 2022 :

il s’agit du magnifique « Swinging Africa » que nous devons à la journaliste Emmnanuelle Courrèges, une enfant d'Afrique, puisqu'elle a grandi entre le Cameroun, le Sénégal et la Côte d'Ivoire où son père dirigeait des centres culturels.

Grand reporter pour de nombreux médias, dont le magazine ELLE, Emmanuelle a fondé la plateforme LAGO54.

Cette dernière est le « select-store » du meilleur de la création « made in Africa ».

Des podiums de Lagos aux festivals de musique de Casablanca, des « image makers » de Marrakech aux influenceurs de Johannesbourg, une nouvelle génération de créateurs africains - designers de mode, photographes, blogueurs, hair et make-up artistes - redéfinit les contours esthétiques du continent.

Audace, humour, disruption sont les maîtres mots de cette jeune garde qui, si elle puise dans son héritage pour le revaloriser, en propose une approche hyper-contemporaine.

Cette révolution s'entend comme le prolongement d'une revendication continentale: celle d'une réappropriation culturelle et de l'invention d'un langage propre.

Ce volume célèbre cette effervescence créative qui, en bousculant les codes et la narration sur le continent africain, invente un nouveau chapitre de la mode et, déjà, inspire le monde !

Pourquoi ce titre « Swinging Africa » ?

Tout simplement en clin d'oeil adressé au « Swinging London » des années 60 !

Swinging London ou Swinging Sixties est une expression rendant compte de la vitalité culturelle de Londres dans les années 1960, devenue une capitale de la culture pop et de la mode.

Menée par les jeunes, elle valorise la modernité et l'hédonisme.

La musique et la mode de Londres en sont l'un des principaux fleurons.

Cette évolution est alimentée par le baby boom et la forte croissance économique de l'après-Seconde Guerre mondiale. Elle constitue le pendant consumériste de la contre-culture underground qui se développe au même moment.

Parmi les symboles de cette période, on trouve les Beatles, le premier groupe de la British Invasion ; la minijupe de Mary Quant ; les mannequins populaires comme Twiggy ou Jean Shrimpton ; la sous-culture mod ; les grandes zones commerciales de Londres, King's Road, Kensington et Carnaby Street ; le militantisme du mouvement antinucléaire ; et la libération sexuelle …

Aujourd'hui, c'est avec l'Afrique que nous vivons une même révolution :

témoins le grand styliste Imane Ayissi, la rumba congolaise et le thiep sénégalais qui viennent juste d'être portés au patrimoine immatériel de l'UNESCO !

Et sur la couverture, la géniale jeune styliste ivoirienne Lafalaise Dion que l'association culturelle MOKANDA vient de croiser au Festival des Masques de Man en Côte d’Ivoire .


En un mot, « Swinging Africa » c’est l’Afrique qui vient !

Swinging Africa

Par Emmanuelle Courrèges

240 pages

Éditions Flammarion

Paru le 24 novembre 2021

Prix : 60€




Oh ! AfricArt 

Qui dit mode, dit art !

« » est le choix qui s’impose !

D’après l’émission « Oh ! AfricArt », proposée par Sonia Perrin et Tim Newman, cet ouvrage est présenté par Elizabeth Tchoungui.

Cet ouvrage réunit, pour la première fois, les œuvres de cinquante deux artistes plasticiens contemporains d’Afrique et de sa diaspora.

« Oh ! AfricArt » est une invitation à découvrir la foisonnante création contemporaine d’un continent riche de sa pluralité.

Une sélection d’œuvres, accompagnées de fiches explicatives et d’une présentation des techniques employées, forme un ensemble éclectique, reflet des inspirations et visions, des interrogations et revendications portées par ces artistes nés, pour la plupart, et vivant sur le continent.

Mondialisation, écologie, genre, identité, « Oh ! AfricArt » dresse le panorama fascinant d’une génération de créateurs qui offre un autre regard sur les enjeux de notre époque. Il donne à voir, et à lire, un continent en mouvement, qui écrit ses propres récits :

un acteur majeur de la scène artistique mondiale.

Elizabeth Tchoungui est journaliste et animatrice de télévision franco-camerounaise, nous l’avons croisée lors de la présentation ce son ouvrage à la presse dans le cadre de la prestigieuse maison de ventes aux enchères ARTCURIAL à Paris.

Une soirée au cours de laquelle nous avons pu féliciter Marie-Cécile Zinsou, nouvelle présidente du conseil d'administration de la Villa Médicis de Rome !

Rappelons que Marie-Cécile dirige au Bénin la fondation culturelle éponyme.

Elle a été très active dans le combat du Bénin pour obtenir la restitution des trésors royaux d’Abomey « emportés » en 1892.

Oh ! AfricArt 

Par Elizabeth Tchoungui

224 pages

Editions du Chêne

Paru le 11 novembre 2021

Prix : 42€


Artistes africains, de 1882 à nos jours

Voici, pour la première fois, le panorama le plus complet à ce jour de l'oeuvre de 316 artistes modernes et contemporains, nés ou installés en Afrique.

Les éditions Phaidon nous livrent ici un panorama inédit, de A à Z, de leur œuvre.

Ces dernières années la scène artistique africaine, en plein essor, a attiré l'attention du monde entier avec un nombre croissant d'expositions internationales et une présence conséquente sur le marché mondial de l'art.

Réalisé en collaboration avec un panel d'experts, ce volume a l’ambition d’offrir une version exhaustive et diversifiée de l'histoire de l'art d’artistes de 51 pays des 54 qui composent l’Afrique.

Chaque artiste est représenté par une œuvre emblématique et un court texte rédigé par l’un des cinquante experts sélectionnés.

L’essai introductif de Chika Okeke-Agulu (Nigeria), professeure à la prestigieuse université de Princeton aux USA, nous éclaire sur la façon dont l’art africain moderne et contemporain a été présenté au cours des dernières décennies.

L’ouvrage contient aussi un glossaire pratique des termes utilisés, ainsi que des groupes et mouvements artistiques.

Artistes africains est un ouvrage passionnant pour tous les amateurs d’art et un livre de référence pour les conservateurs, galeristes, collectionneurs, artistes et étudiants en art.

Une remarque cependant : la part belle donnée à la création du monde anglo-saxon… la partie francophone mériterait d’être plus approfondie.


Artistes africains, de 1882 à nos jours

Par les éditeurs de Phaidon

Editions Phaidon

352 pages

Paru le 28 octobre 2021

59,95€



Katrijn
Par Yves Bigot

A la suite du précédant « Swinging Africa » d'Emmanuelle Courrèges qui est un clin d’œil au « Swinging London », il m’est apparu évident de lire pour vous le savoureux « Katrijn » d’Yves Bigot  - pour moi qui ai connu ces années que l’on nomme les « Sixties »  !
Quelle époque !
Nous connaissons Yves Bigot en homme de télévision – c’est en effet lui qui préside aux destinées de TV5 Monde – on le découvre aujourd’hui en romancier qui nous campe Katrijn, une jeune hollandaise de bonne famille, fière et déterminée comme il en existe tant d’autres.
Tout commence dans un rêve éveillé :
« Je m’appelle Katrijn Mühren et je suis morte le 5 mai 1974 :
j’ai été assassinée sur la nationale 347 un peu après la sortie de Rijssen Holten, j’ai vécu vingt quatre années et trois mois. »
Un flash-back brutal qui va nous plonger dans ces années bouillonnantes où la contre-culture s’emparait du monde.
Le monde des années 1960, où Katrijn, une adolescente hollandaise, part à la découverte d’elle-même en allant suivre les mouvements et groupes musicaux de sa génération, comme les Provos d’Amsterdam, le Swinging London, les hippies de San Francisco…
« Un voyage initiatique qui l’emmènera au-devant de la mode pop, des groupes de rock, du sexe et de la drogue, des Hell’s Angels, mais aussi d’une gloriole éphémère qu’elle n’a pas cherchée alors que de sombres forces ne cessent de vouloir la rattraper pour broyer ses rêves. »
C’est un roman d’apprentissage, féministe, d’une modernité surprenante, au style élégant et d’une justesse ciselée.
Il évoque une époque - celle des Sixties - où la jeunesse occidentale imposait pour la première fois sa culture dans l’histoire de l’humanité !
Pour la première fois elle proposait un autre monde généreux, lumineux, communautaire… à l’opposé de celui d’aujourd’hui.
Une expérience inachevée de société alternative qui fait encore rêver.

Katrijn
Par Yves Bigot
Editions Encre de nuit
436 pages
Paru le 4 novembre 2011
19,95€




La plus secrète mémoire des hommes
Par Mohamed Mbougar Sarr

C’est notre coup de cœur : il vient d'obtenir le prix Goncourt 2021 !
« La plus secrète mémoire des hommes », raconte l’histoire d’un jeune écrivain sénégalais vivant à Paris, (Diégane Faye), qui - en 2018 - se met en quête d’un ouvrage écrit par autre écrivain sénégalais, auteur d’un unique livre publié en 1938, « Le labyrinthe de l’inhumain » et qu’on surnomme le « Rimbaud nègre » : T.C. Elimane.
Qui était alors ce T.C. Elimane, un écrivain génial ?
Un plagiaire honteux ?
C’est que l’on découvre tout au long du récit, un récit sous la forme d’une enquête littéraire foisonnante qui mélange les époques et les pays.
Elle commence dans le Paris littéraire des années 2010 et des années 1930, se poursuit dans le Sénégal colonial du début du XXème siècle, puis dans la France occupée, fait apparaître le souvenir des tirailleurs sénégalais de la guerre précédente ; passe par l’Argentine et se termine dans le Dakar de notre époque.
Un roman riche, envoûtant, porté par l’écriture fluide de Mohamed Mbougar Sarr.

Ambre Delcroix a questionné pour nous celui qui rentre dans l’histoire comme le premier Africain (subsaharien), le deuxième écrivain noir à recevoir le prestigieux Prix Goncourt (après le Guyanais René Maran, prix Goncourt en 1921).


La plus secrète mémoire des hommes
Par Mohamed Mbougar Sarr
461 pages
Éditeur Philippe Rey
Paru le 19 août 2021
448 pages
22€


Dans le ventre du Congo
Par Blaise Ndala

Pour mémoire, ce roman est le lauréat Roman 2021 du Prix de la Presse Panafricaine MOKANDA.
L’auteur Blaise Ndala s’est installé à Ottawa en 2007 après s’être spécialisé en droits humains en Belgique.
Juriste, il travaille dans la fonction publique fédérale.
Son premier roman, « J’irai danser sur la tombe de Senghor », publié en 2014 a remporté le Prix du livre d’Ottawa en 2015.
Son deuxième roman « Sans capote ni kalachnikov », publié en 2017 a remporté le Prix littéraire Émergence de l’Association des auteurs et auteures de l’Ontario français et a reçu une mention spéciale au Prix Ivoire 2017.
« Lorsque s’ouvre l’Exposition universelle de Bruxelles le 17 avril 1958, Robert Dumont, Sous-commissaire du plus grand événement international depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a fini par rendre les armes :
il y aura bel et bien un «  village congolais » parmi les quatre pavillons consacrés aux colonies.
Le Palais royal a coupé court aux atermoiements du supérieur direct de Dumont, son ami le baron Guido Martens de Neuberg, Commissaire général d’Expo 58.
Dumont ignore que, parmi les onze recrues congolaises mobilisées au pied de l’Atomium pour se donner en spectacle devant les visiteurs venus des quatre coins du monde, figure la jeune Tshala, fille de Kena Kwete III, l’intraitable roi des Bakuba.
Le périple de cette princesse nous est alors dévoilé, entre son Kasaï natal et Bruxelles, en passant par Léopoldville où elle a côtoyé Patrice Lumumba et Wendo Kolosoy, le père de la rumba congolaise, jusqu’à son exhibition forcée à l’Expo 58, où l’on perd sa trace.

Été 2004

Fraîchement débarquée en Belgique, une nièce de la princesse disparue croise la route d’un homme hanté par le fantôme du père.
Il s’agit de Francis Dumont, professeur de droit à l’Université libre de Bruxelles.
Une succession d’événements fortuits finit par dévoiler à l’un comme à l’autre le secret emporté dans sa tombe par l’ancien Sous-commissaire d’Expo 58.
D’un siècle l’autre, la petite histoire embrasse la grande pour poser la question de l’équation coloniale : le passé peut-il passer ? »

Vous l’ignoriez sans doute :
le dernier « zoo humain » a été exhibé en Europe en 1958, c’est à dire hier seulement !


Dans le ventre du Congo
Par Blaise Ndala
384 pages
Éditions du Seuil
Paru le 7 janvier 2021
20€


La porte du voyage sans retour
Par David Diop

La rentrée littéraire d’automne – phénomène typiquement français – c’est quelque 520 nouveautés qui déferlent sur les étals de nos libraires !
En très bonne place David Diop – après « Frère d’âme » prix Goncourt des Lycéens 2018 – nous est revenu avec « La porte du voyage sans retour » (Ed. Le Seuil), un sérieux prétendant au Goncourt qui est en définitive revenu à son compatriote Mohamed Mbougar Sarr, comme nous l’avons vu précédemment.
« La porte du voyage sans retour » c’est le surnom donné à l’Ile de Gorée d’où seraient partis des millions d’Africains au temps de la traite négrière.
Michel Adanson, jeune botaniste de 23 ans, fraîchement arrivé sur l’île pour étudier la flore locale, se passionne pour l’histoire d’une jeune Africaine parvenue à s’évader.
Un magnifique roman d’amour, un lyrisme qui contraste avec la violence de l’histoire.

La porte du voyage sans retour
par David Diop
Éditions du Seuil
253 pages
19€

Commentaires