Exposition MABA, Nogent-sur-Marne : le SERPENT NOIR


« Viendra un serpent noir qui envoûtera les hommes et dévorera la terre »
                                    Prophétie de Black Eagle, vers 1930

Le Serpent Noir, projet de Cécile Hartmann (1) présenté au public à la MABA à Nogent-sur-Marne jusqu’au 18 juillet 2021, se déploie autour de la métaphore du serpent noir : l’oléoduc géant Keystone (2) qui transporte quotidiennement plus de 700 000 barils (3) d’hydrocarbures synthétiques et de bitume dilué issus de sables bitumineux depuis les exploitations à ciel ouvert de l’Alberta, en passant par les réserves indiennes, souillant les terres et les réserves d'eau et engendrant des dégâts écologiques sans précédent.
Ce pipeline, soutenu sous l’ère Donald Trump, vient de voir la construction des derniers tronçons stoppée aux premiers jours de l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis, faisant souffler un vent d’espoir nouveau.
Un film, Le Serpent Noir (2018-2020), suit le flux invisible du pipeline jusqu’à la forêt boréale et constitue le cœur de l’exposition, depuis lequel se déploient en rhizome photographies, élément sculptural, mur peint et sérigraphies.


(1) Cécile Hartmann est une artiste et cinéaste française née en 1971. Après des études à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et d’Histoire de l’Art à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Cécile Hartmann développe un travail caractérisé par sa relation à l’histoire et à la nature en tant que médium.
Le travail de Cécile Hartmann est nourrit par ses voyages à l’étranger durant lesquels elle capture des images et des sons pour réaliser ses œuvres. Elle travaille principalement avec la vidéo, la photographie et la peinture.
Dans ses œuvres, elle s’interroge sur l’évolution de notre monde par son architecture naturelle et humaine.



(2) l’oléoduc géant Keystone, en anglais Keystone Pipeline, exploité par l'entreprise TransCanada, est long de 3 461 kilomètres.
Il est en projet depuis 2005, les deux tronçons de l'oléoduc sont opérationnels depuis 2011.
Partant de la région des sables bitumineux de l'Athabasca, dans le Nord-Est de la province canadienne de l'Alberta, ils desservent plusieurs destinations aux États-Unis, dont la raffinerie de Wood River, ainsi que les dépôts pétroliers de Patoka (dans le Sud de l'Illinois) et de Cushing (en Oklahoma).
Son extension Keystone XL fait en effet l'objet d'une controverse d'envergure nationale.
Le projet est vivement contesté par les principales associations environnementales américaines, par de nombreux propriétaires fonciers dont les terres se trouvent sur son tracé et par une partie des élus démocrates américains ; ses opposants y voient un risque de pollution des sols et de l'eau en cas de fuite d'hydrocarbure, ainsi qu'une contribution supplémentaire au réchauffement climatique.


(3) pour obtenir ces 700 000 barils, il aura fallu l'équivalent de plus de 3,5 millions de barils d'eau/jour ce qui est colossal.
Ces produits bruts représentent, par comparaison, la moitié de la production pétrolière du Nigeria qui est le  premier producteur d'Afrique !

        (texte Olivier THIBAUD ; photos Cécile HARTMANN) 

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