LA TOUR AUX FIGURES : l'utopie monumentale de Jean Dubuffet

La Tour aux figures est une sculpture monumentale de Jean Dubuffet, située dans le parc de l'île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux. Depuis le 12 septembre 2020 elle a retrouvé son aspect originel. C’est par une belle journée de l’été indien que la tour restaurée a été inaugurée par Georges Siffredi, président du département des Hauts-de-Seine ; François Gibault, président de la fondation Dubuffet, d’André Santini, ancien ministre et maire d’Issy-les-Moulinaux, Pierre Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt, au parc départemental de l’Ile Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux le 12 septembre en fin de matinée. L'œuvre est située dans la partie orientale du parc départemental de l'île Saint-Germain, lui-même occupant la partie est de l'île Saint-Germain, île de la Seine située entre Boulogne-Billancourt et Issy-les-Moulineaux. La tour est elle-même bâtie sur une petite butte, de sorte qu'elle domine les arbres des alentours. Figure emblématique de l’art brut La Tour aux figures est une sculpture de vingt quatre mètres de hauteur sur douze de largeur. Elle consiste en une ossature en béton armé, réalisée par l'architecte Antoine Butor et recouverte d'une structure en époxy et tissu de verre, réalisée et peinte au polyuréthane par le décorateur Richard Dhoedt. Cette structure apparente est composée de quatre vingt dix panneaux fixés par des armatures métalliques moulées dans les coques en résine. L'extérieur de la sculpture prend une forme abstraite vaguement cylindrique. Le revêtement est peint aux couleurs habituelles de Jean Dubuffet, suivant le style de Mondrian : blanc, bleu, rouges, hachures, les différentes formes étant délimitées par des traits noirs. L’intérieur de la structure est accessible : il s'agit d'un labyrinthe ascensionnel, réparti sur plusieurs étages et desservi par des escaliers, baptisé « le Gastrovolve » par Dubuffet. Aimant jouer avec les oppositions, par exemple entre les matières naturelles et synthétiques (il dit ainsi « il y a dans toutes mes peintures deux vents contraires qui soufflent »), Dubuffet a voulu réaliser une « grotte extérieure ». La « Gastrovolve » À partir de 1967, Jean Dubuffet réalise des maquettes en polystyrène expansé dans le cadre du « cycle de L'Hourloupe », monde imaginaire inventé par l'artiste qui quitte alors le plan de la page de dessin pour entrer dans une troisième dimension. Parmi ces maquettes, une série de « bornes ». L'année suivant, il affine son projet en se faisant aider d'architectes. Avec Antoine Butor, il imagine que ses « bornes » pourraient être des « figurations de maisons ». Le projet aboutit à une maquette d'immeuble sculpté en creux, avec des étages habitables. C'est la « Gastrovolve » ! L'étape suivante est l'élaboration d'une maquette en forme de tour, qui masque l'intérieur sculpté. L'édifice est « exempt de fenêtres ». C'est la future Tour aux figures, dont le labyrinthe intérieur et caché est une « gastrovolve ». La maquette fait un mètre de haut. Après que son projet pour La Défense « Site Scriptuaire » a été refusé, en 1974, et qu'en 1975 le nouveau président de Renault, Bernard Vernier-Palliez, a annulé la commande d'un « Salon d'été », ce qui donne lieu à un procès, Jean Dubuffet réalise plusieurs grandes sculptures hourloupiennes à l'étranger. Il y est plus reconnu que dans son propre pays. En 1983, le nouveau ministre de la Culture, Jack Lang, veut réparer ce manquement et lui propose que le Centre national des arts plastiques lui passe une commande pour le parc de la Villette. Devant réaliser l'œuvre in situ, l'artiste refuse le lieu. Après la place d'Italie, le parc de Saint-Cloud, Jean Dubiuffet accepte en janvier 1985 le site de l'île Saint-Germain à condition que ce soit sur la hauteur la plus proche du siège de Renault, lequel se trouve alors cinq cents mètres en amont, quai du Point du Jour. La construction de la tour commence quelques semaines plus tard, quand, le 12 mai, Jean Dubuffet meurt. La Fondation Jean Dubuffet, créée dix ans plus tôt, assure la continuité. L'achèvement de la construction et la peinture du revêtement extérieur seront posthumes. Leur réalisation se fera suivant les plans et les dessins de l'artiste, avec les mêmes techniques d'agrandissement au pantographe. Elle est confiée au décorateur Richard Dhoedt, qui l'avait déjà aidé à réaliser quarante sculptures. Les pièces sont préfabriquées en atelier à partir de moules géants. Le montage dure un an et mobilise une quinzaine de personnes. L'inauguration a lieu en 1988. L'œuvre est inscrite aux monuments historiques le 16 septembre 1992, puis classée le 10 septembre 2008. En 2015, le Conseil général des Hauts-de-Seine en fait l'acquisition pour le département. Une rénovation de l’œuvre est engagée en 2019 pour une réouverture au public en 2020 telle que l’on peut l’admirer aujourd’hui. Les visites se font désormais sur réservation obligatoire : www.tourauxfigures.hauts-de-seine.fr

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