Le Caravage (1571-1610) : le maître du clair-obscur




Le souper à Emmaüs


Plus de trois heures d'attente pour s'approcher du maître du clair-obscur

Au Musée Jacquemart-André s’est achevée fin janvier une exposition consacrée au Caravage (1571–1610), figure emblématique de la peinture européenne du XVIIe siècle.
Dix chefs-d’oeuvre de l’artiste, dont sept qui n'avaient encore jamais été présentés en France, étaient exposés à titre exceptionnel. 
Pour cet événement unique, les visiteurs ont pu découvrir les deux oeuvres de la Madeleine en extase, issues de collections particulières, réunies pour la première fois dans une même exposition.


Madeleine en extase

Par une observation réaliste de l'état humain - à la fois physique et émotionnel – ainsi qu’une utilisation dramatique de l'éclairage, Le Caravage a eu une influence formatrice sur l'école baroque de la peinture.
Caravaggio, dit Caravage ou Le Caravage a reçu une formation de peintre à Milan avec Simone Peterzano qui s'était formée avec le Titien.
Vers 20 ans, Caravage s'installe à Rome où, au cours de la fin du 16e et au début du 17e siècle, d'immenses nouvelles églises et palais sont construits et de nombreuses peintures sont nécessaires.
Au cours de la Contre-réforme, l'Église catholique romaine recherche un art religieux avec lequel contrer la menace du protestantisme et, pour cette tâche, les conventions artificielles du maniérisme qui avait gouverné l'art depuis près d'un siècle ne semblent plus adéquates.

Le Caravage propose alors un naturalisme radical qui combine l'observation physique étroite avec une œuvre dramatique, voir théâtrale, et l'utilisation du clair-obscur, le passage de la lumière à l'obscurité avec peu de valeur intermédiaire.

Il fait irruption sur la scène artistique de Rome en 1600 avec le succès de ses premières commandes publiques : le Martyre de Saint-Matthieu et la vocation de Saint-Matthieu.
Par la suite, il n'a jamais manqué de commissions ou de mécènes mais il a mal géré son succès.
Il a été emprisonné à plusieurs reprises et, finalement, a eu un arrêt de mort lancé contre lui par le pape.

Une communication précoce publiée sur lui, datant de 1604 et décrivant son mode de vie trois ans auparavant, raconte comment il allait se pavaner avec une épée, toujours prêt à s'engager dans un combat.
En 1606, il tue un jeune homme dans une bagarre et il s’enfuie de Rome avec sa tête mise à prix. Il est également impliqué dans une bagarre, à Malte, en 1608, et une autre à Naples, en 1609. C’était peut-être là une tentative délibérée sur sa vie par des ennemis non identifiés. Cette rencontre l’a laissé gravement blessé. Un an plus tard, à l'âge de 38 ans, il meurt dans des circonstances mystérieuses à Porto Ercole, sans doute d’un staphylocoque doré consécutif à une blessure et non du paludisme comme on le pensait encore récemment, alors qu'il se rendait à Rome pour recevoir le pardon du pape.

Le Caravage propose un naturalisme radical qui combine l'observation physique étroite avec une œuvre dramatique, voir théâtrale, et l'utilisation du clair-obscur.
Célèbre de son vivant, le Caravage a été oublié presque immédiatement après sa mort et ça n’est qu’au 20e siècle que son importance sur le développement de l'art occidental a été redécouverte. Malgré cela, son influence sur le style néobaroque, qui a finalement émergé des ruines du maniérisme, était profonde. Elle peut être vue directement ou indirectement dans les travaux de Rubens, Jusepe de Ribera, Bernini et Rembrandt de même que chez les artistes de la génération suivante qui, fortement influencés, ont été appelés les « caravagesques » ainsi que « Tenebrosi ». André Berne-Joffroy, secrétaire de Paul Valéry, dit de lui :
« Ce qui commence dans l'œuvre de Caravage est tout simplement de la peinture moderne ».

















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