(par Olivier THIBAUD, texte et photos)
C’est un voyage au cœur des traditions ancestrales du Vietnam que propose la Mairie du XIIIe arrondissement de Paris.
En pleine célébration de la Fête de la Lune (1), l’inauguration de cette exposition éphémère a rappelé l’importance de préserver la richesse culturelle des ethnies minoritaires (2), souvent reléguées au second plan.
L'escalier monumental de la Mairie de Paris XIIIème
C’est dans une atmosphère empreinte de symbolisme, coïncidant avec la traditionnelle « Fête de la Lune » (ou fête de la Mi-Automne), qu’a eu lieu, le 6 octobre dernier, le vernissage officiel de l'exposition organisée par l'Association Française de l'Amitié du Vietnam (AAFV) et la Mairie de Paris XIIIe.
L'ambassadeur du Vietnam à Paris Dinh Toan Thang durant son allocution
L’événement, soutenu par le travail de l'éminent chercheur scientifique Alain Dussarps, a su capter l’attention d’un public de choix, soulignant l'amitié durable entre la France et le Vietnam.
L'éminent chercheur scientifique Alain Dussarps (à g.) et le professeur Jacques Nguyễn Thái Sơn (à d.)
Diplomatie et Ethnographie
Le parterre d'invités a témoigné de l'importance de cette initiative culturelle.
On notait la présence de l'ambassadeur du Vietnam à Paris, Dinh Toan Thang, ainsi que du maire d’arrondissement, Jerôme Coumet.
Autour d'eux, les membres du conseil de direction de l'AAFV, des représentants syndicaux et de nombreux compatriotes, vietnamiens et français, ont honoré de leur présence cette soirée.
Un consensus s'est dégagé :
l'urgence de valoriser le patrimoine immatériel des communautés les moins visibles du Vietnam !
L'exposition elle-même est une véritable plongée ethnographique.
Elle rassemble une centaine d'articles, dont de magnifiques vêtements traditionnels des ethnies minoritaires.
Ces pièces, souvent d’une incroyable complexité de tissage et de broderie, côtoient une riche galerie de photos documentaires.
L'essentiel de ces clichés est le fruit du travail méticuleux et passionné d’Alain Dussarps, témoignant de décennies de recherches sur le terrain.
Quelques personnalités avec au centre l'ambassadeur du Vietnam à Paris Dinh Toan Thang
(1) La Légende de la Lune et l'Héritage Asiatique
L'ancrage de cet événement au 6 octobre n'est pas anodin.
La « Fête de la Lune » – ou Mid-Autumn Festival – célèbre la pleine lune et le rassemblement familial.
D'origine chinoise et vieille de plus de mille ans, elle est associée à la poignante légende de **Chang’E**, la femme de l’archer héroïque Hou Yi.
Après avoir bu l'élixir d'immortalité pour le protéger, elle s’envola seule vers la lune, où elle vit désormais en compagnie d'un lapin qui, dit-on, pile l'élixir sous un arbre à cannelle.
Si la fête est l'occasion de partager les fameux **gâteaux de lune** en famille dans de nombreux pays, elle prend des accents spécifiques selon les cultures.
Au **Vietnam**, elle est souvent considérée comme une **fête des enfants**, tandis qu’en **Corée** (Chuseok) elle est davantage une fête des récoltes.
Cette juxtaposition de la légende millénaire et des traditions des minorités vietnamiennes confère à l'exposition une résonance particulière, rappelant la mosaïque de cultures qui compose l'Asie.
Cette rare occasion de découvrir les **trésors méconnus** des peuples vietnamiens est à saisir.
L'exposition est ouverte au public usqu'au 11 octobre à la Mairie du XIIIe arrondissement, au 1 place d'Italie.
L'entrée est gratuite et accessible dès 10h, offrant une fenêtre précieuse sur un patrimoine qui mérite d'être mis en pleine lumière !
Pour conclure, l'événementiel culturel est certainement le meilleur vecteur pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la diversité ethnique.
(2) Ethnies minoritaires du Vietnam
Le Vietnam est une mosaïque ethnique riche, avec plus d'une cinquantaine de groupes ethniques distincts.
Parmi les 54 ethnies reconnues, certaines se concentrent principalement dans les montagnes du Nord et les hauts-plateaux du Centre, tandis que d'autres peuplent les plaines fertiles du Sud.
Les ethnies minoritaires, comme les Tày, Tai, Muong, H'mong et Khmer, sont souvent représentées dans les régions montagneuses et les zones de culture.
Les langues des ethnies minoritaires sont diverses, reflétant la richesse linguistique du pays.
Les Tày sont les plus nombreux avec plus de 1 600 000 membres, une des ethnies la moins nombreuse est celle des O’du avec ses 340 membres vivant dans les montagnes perdues de la Province de Nghe An.
Leur langue n’est parlée que par à peine 5 personnes de plus de 75 ans qui ne savent ni la lire ni l’écrire…
Par ailleurs la présence des minorités non loin des frontières, que ce soit au Nord ou le long de la cordillère annamitique avec le Cambodge et le Laos, qui donne au Vietnam son ouverture au reste de l’Asie.
Les ethnies qui peuplent ces coins reculés sont en quelque sorte les passerelles qui enjambent les pays, favorisant les contacts et les échanges.
Si les minorités ne représentent qu’environ 15% de la population totale du Vietnam, leur densité atteint 30% à 40% dans le Nord du pays pour frôler les 80% dans les provinces de Cao-Bang, Hà-Giang, Lai-Châu et Son-La, donc aux portes frontières avec la Chine.
Et enfin, sorti des villes du littoral, les deltas et les plaines, ce sont les minorités qu'on rencontre partout, avec leurs langues, leurs coutumes, leurs cultures.
Finalement, elles n’ont pas grand-chose de minoritaire !
Sur les 75 ethnies présentes sur le territoire (certains anthropologues parlent d’une centaine), le gouvernement en a reconnu officiellement 53 plus l’ethnie Kinh (Viet), majoritaire en nombre, ce qui porte à 54 le nombre de peuples différents vivant au Vietnam.
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