Musée Guimet : carte blanche à Yang Jiechang

Le Musée national des arts asiatiques – Guimet – à Paris est le plus grand musée d’Europe du genre :

c’est là que s’expose jusqu’au 24 octobre 2022 l’artiste chinois Yang Jiechang pour une nouvelle carte blanche contemporaine.


Yang Jiechang : "L'Art c'est simplement bien vivre sa Vie"

Reconnu pour sa maîtrise des arts traditionnels chinois, Yang Jiechang s’illustre dans une multitude de médias :

peintures, arts graphiques, installations, vidéos, performances ou sculptures.

Son art est imprégné de la calligraphie, de l’esthétique et de la pensée traditionnelles chinoises, qui sont intégrées à un contexte contemporain.

Rotonde du 4ème étage du Musée Guimet, les 18 mètres de "Tale of the 11th Day" 

Présentée dans la rotonde du 4ème étage, l’œuvre « Tale of the 11th Day » (2011) est une peinture sur soie de 18 mètres de long marouflée (1) sur toile, accompagnée d'un ensemble de onze vases en porcelaine, fruit d’une collaboration de quatre années avec la Manufacture de Sèvres. Tale of the 11th Day est une référence au Décaméron, le conte de dix jours, de Boccace (1348-1353).

Yang Jiechang devant "Tale of the 11th Day" - oeuvre de 18 mètres de long en référence au Décaméron de Boccace

Imaginant le 11ème jour, l’artiste représente un paysage primordial dessiné selon les modèles classiques de la dynastie Yuan (1279-1368).

Le style de Yang Jiechang est austère, épuré et universel. Il donne à voir une vision allégorique du chef-d’œuvre de la Renaissance italienne où les animaux et les humains se découvrent et s’accouplent :

un Paradis où toutes les divisions – religieuses, ethniques, idéologiques ou politiques – sont apparemment effacés.

Tale of the 11th Day est l’utopie d’un monde globalisé naturellement fondé sur l’égalité, le respect, l’amour et la compassion.

Cependant, le paradis sensuel de Yang Jiechang est peint à une époque marquée par les conflits armés et les crises contemporaines.

L’installation nous rappelle que l’harmonie des relations reste fondée sur des rapports de force, équilibre instable sans cesse redéfini.

Un parcours composé d'autres œuvres de l’artiste, sélectionnées par Martina Köppel-Yang, est proposé dans les galeries chinoises du 1er étage, autour de la thématique du lettré contemporain.

Inspiré de la sagesse taoïste (2) ainsi que par la quête subjective de spiritualité du romantisme allemand, Yang Jiechang déploie dans son œuvre une énergie vitale et cherche une esthétique brute, qui admet et utilise l'inachevé ainsi que les défauts techniques et esthétiques.

Ses peintures monochromes noir sont des jeux d’équilibre entre lumière et ombre, entre le plein et le vide.

Elles représentent une phase méditative d'introspection dans l'œuvre de l'artiste. 

Oh my God - encre sur papier marouflé sur toile

Loin de l’utopie édénique du 4ème étage, le diptyque de calligraphie « Oh my god / Oh Diu » (2002-2022) n'évoque pas seulement la gravité du monde dans lequel nous évoluons, mais incite à l'action et à la prise de position.

Créée en réaction des attentats du 11 septembre 2001, Yang évoque la sidération dans cette calligraphie épaisse, aux coulures angoissantes.

Accompagnée de deux vidéos dans lesquelles l’artiste écrit et répète le titre de l’œuvre, le visiteur est invité au recueillement.

Yang Jiechang (né en 1956 à Foshan en Chine), est diplômé de l’Académie des beaux-arts de Guangzhou (Canton), où il enseigne à son tour pendant quelques années avant son départ pour l’Europe en 1988.

Depuis, l’artiste vit et travaille entre Paris et Heidelberg, et a participé à de nombreuses expositions et biennales dans le monde entier. Il est représenté par la Galerie Jeanne Bucher Jaeger à Paris depuis 1989.

(1) Le marouflage est une technique qui consiste à fixer une surface légère sur un support plus solide et rigide, à l'aide d'une colle forte dite maroufle qui durcit en séchant. C'est une opération particulièrement utilisée en peinture d'art et en restauration.

(2) Le taoïsme est une doctrine religieuse et philosophique fondée au 6ème siècle avant J.C., signifiant la « voie » au sens large.

Il enseigne l’harmonie entre l’homme et la nature.

La recherche de cet équilibre, en constante instabilité est aussi représenté par le yin et le yang : deux forces opposées, complémentaires et indissociables.

Où ?

Musée national des arts asiatiques – Guimet

6 Place d'Iéna, 75116 Paris

Horaires : 

mercredi 10:00–18:00

jeudi 10:00–18:00

vendredi 10:00–18:00

samedi 10:00–18:00

dimanche 10:00–18:00

lundi 10:00–18:00

mardi Fermé

Exposition jusqu’au 24 octobre2022


Vases en porcelaine, fruit d’une collaboration de quatre années avec la Manufacture de Sèvres


100 couches d'encre réalisées en un an sur papier Xuan et gaze marouflés sur toile

Facétieux et prévoyant : le testament de Yang Jiechang et son urne funéraire



Pavillon Tibétain - Auto-portrait


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